Ma communication évoque les positions des romancières arabes depuis la fin du XXe s. et jusqu’à nos jours et les modes de réinvestissement, voire de déconstruction de la figure de Shéhérazade qu'elles utilisent. Dans un monde secoué par les violences politiques et sociales, physiques et symboliques, l’Histoire est écrite par les vainqueurs. Dans le contexte postcolonial, la femme se trouve doublement invisibilisée par son appartenance aux vaincus de la violence guerrière ou politique et par son statut de « subalterne ». La fiction romanesque s’empare alors de l’Histoire, pour réécrire le passé et le présent au prisme de l’expérience des femmes. Elle devient le moyen de donner une voix aux sans-voix (comme dans En enfance, Leila Abouzeid ou Rêves de femmes, Fatima Mernissi qui reviennent toutes deux sur l’histoire coloniale et postcoloniale). Elle s’insinue dans les béances et les oublis du discours historiographie pour ressusciter des figures volontairement omises du récit historique officiel (Loin de Médine, Assia Djebar) ou y intégrer des figures de femmes actives et déterminées (Les cahiers de Rose, Reem al-Kamali, Un rêve bleu comme la mer, Umniyyât Sâlim, ).