Childhood and its echo in Tolstoy's late works
Enfance et son écho dans les œuvres tardives de Tolstoï
Résumé
Between one of Tolstoy's very first works, Childhood, and one of his later ones, The Death of Ivan Ilyich, we note unexpected commonalities: the spirit of childhood presented as an ideal – "simplicity" of the child having nothing of ignorance. On the contrary, it is the profound knowledge of truths to which man returns when old age detaches him from earthly goods. The child's original wisdom does not fit well with the frameworks imposed by life, particularly social life. In Childhood, the original type of narration (succession of small juxtaposed scenes, apparent absence of sustained plot) masks the continuity of the central subject: the juxtaposition of society life and death, embodied by the figure of the mother. It is through the mother that the question of the frameworks imposed on the hero's life is raised, in particular that of time. The contemplation of the dead mother projects the hero beyond his own temporal limits, towards eternity. The feeling of the infinite, through which Tolstoy is close to Pascal, allows him to escape the restrictive forms of thought that life imposes on him. This intuition manifests itself again in The Death of Ivan Ilyich, and reveals a deep link between two distant stages in Tolstoy's work.
Entre l’une des toutes premières œuvres de Tolstoï, Enfance, et l’une des plus tardives, La Mort d’Ivan Ilitch, on note des points communs inattendus : l’esprit d’enfance présenté comme un idéal – la « simplicité » de l’enfant n’ayant rien d’une ignorance. Au contraire, c’est la connaissance profonde de vérités auxquelles l’homme revient lorsque la vieillesse le détache des biens terrestres. La sagesse originelle de l’enfant s’accorde mal aux cadres imposés par la vie, en particulier la vie sociale. Dans Enfance, le type original de narration (succession de petites scènes juxtaposées, absence apparente d’intrigue suivie) masque la continuité du propos central : la juxtaposition de la mondanité et de la mort, incarnée par la figure de la mère. C’est par l’intermédiaire de la mère qu’est posée la question des cadres imposés à la vie du héros, en particulier celui du temps. La contemplation de la mère morte projette le héros hors de ses propres limites temporelles, vers l’éternité. Le sentiment de l’infini, par lequel Tolstoï est proche de Pascal, lui permet d’échapper aux formes contraignantes de la pensée, que la vie lui impose. Cette intuition se manifeste à nouveau dans La Mort d’Ivan Ilitch, et révèle un lien profond entre deux étapes lointaines dans l’œuvre de Tolstoï.