Esotericism and politics in the works of the cosmist philosopher Nikolai Fyodorov
Ésotérisme et politique chez le philosophe cosmiste Nikolaï Fiodorov
Résumé
Nikolai Fyodorov (1829 -1903) is the theoretician of two grandiose projects: to make humanity immortal and to conquer space and populate other planets. But Fyodorov's originality is not in wanting to make men immortal. Above all, he wants to resurrect all the lost generations, thanks to the combined efforts of humanity brought together in this “common work”. This process is called "resuscitation" - resurrection in which men also have their role to play, by carrying out the divine plan for the world. Rewriting the Gospel of St Luke (but also referring to the prophet Malachi), Fyodorov affirms that the task of our time is to “turn the hearts of the sons to the fathers”, not to turn the hearts of the fathers to the sons . He asserts : “Children are the hope of the future and the past, because the future is this work and this duty, transformation of the past into the present, into an effective reality”. The ideal is not to prolong the bad infinity of a succession (that of generations) deprived of meaning, but to effectively bring the ancestors back to life. This process of resurrection takes place through the accumulation of knowledge. At first glance, it is difficult to speak of esotericism when speaking about Fyodorov. For him, only advances in technology and science can make it possible to carry out this essential operation which consists of resurrecting the dead. His thinking is apparently characterized by extreme scientism and positivism, applied precisely to the question which represents the unknown par excellence: the question of death. Fyodorov stands between traditional millenarianism and modern political thought. But the part of hidden magical thinking found in his work reveals the deep vice of all utopia: it opens infinite perspectives to human action, but it denies it the element of unpredictability, essential to creative freedom.
Nikolaï Fiodorov (1829 -1903) est le théoricien de deux projets grandioses : rendre l'humanité immortelle et conquérir l'espace, peupler les autres planètes. Mais l'originalité de Fiodorov n'est pas de vouloir rendre les hommes immortels. Avant tout, il veut ressusciter toutes les générations disparues, grâce aux efforts conjugués de l'humanité rassemblée dans cette « oeuvre commune ». Ce processus porte le nom de « ressuscitation » - résurrection dans laquelle les hommes eux aussi ont leur rôle à jouer, en réalisant le projet divin pour le monde ). Réécrivant l'Évangile de St Luc (mais faisant également référence au prophète Malachie), Fiodorov affirme que l'affaire de notre temps, c'est de « ramener le coeur des fils vers les pères », et non l'inverse . Il précise ainsi sa pensée : « Les enfants sont l'espoir de l'avenir et du passé, car l'avenir est cette oeuvre et ce devoir, transformation du passé en présent, en réalité effective ». L'idéal n'est pas de prolonger le mauvais infini d'une succession (celle des générations) privée de sens, mais de ramener effectivement les ancêtres à la vie. Ce processus de ressuscitation s'effectue grâce à l'accumulation du savoir. À première vue, il est difficile de parler d'ésotérisme en ce qui concerne Fiodorov. Car pour lui, les avancées de la technologie et de la science, et elles seules, peuvent permettre de réaliser cette opération essentielle qui consiste à ressusciter les morts. Sa pensée se caractérise en apparence par un scientisme et un positivisme extrêmes, appliqués justement à la question qui représente l'inconnu par excellence : celle de la mort. Fiodorov se situe entre le millénarisme traditionnel et une pensée politique moderne. Mais la part de pensée magique cachée qui se trouve dans son œuvre dévoile le vice profond de toute utopie : elle ouvre des perspectives infinies à l’action humaine, mais elle lui refuse la part d’imprévisible indispensable à la liberté créatrice.
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