Si l'activité des sociétés savantes au XIX e siècle a été longtemps méconnue, voire regardée avec une certaine ironie pas toujours infondée, les travaux de Jean-Pierre Chaline ont réévalué son importance. De 1795 à 1939, plus de 1100 sociétés savantes sont créées, un bon quart d'entre elles, il est vrai, ayant rapidement périclité. Pour les plus anciennes, c'est à une filiation directe avec l'Ancien Régime que ces sociétés doivent leur naissance. Alors que nombre de ces sociétés savantes ont fait l'objet d'études plus ou moins précises 3 , la Société des sciences et des arts de Grenoble reste pourtant très mal connue. Ainsi, ne figure-t-elle pas dans l'index des sociétés savantes dressé par Jean-Pierre Chaline . Si un bref historique proposé par Amédée Ducoin figure dans le premier tome du Bulletin de l'Académie delphinale, son héritière, en 1846 , il faut attendre 1995 pour qu'elle fasse l'objet d'une première étude bien documentée. Une telle discrétion n'est pas à la mesure d'une société, placée sous le patronage de Joseph Mounier, président de l'Assemblée nationale en 1789, au sein de laquelle Joseph Fourier présente les premiers résultats de sa théorie sur la théorie analytique de la chaleur et Jean-François Champollion sur ses travaux sur la pierre de Rosette. Cette modernité et l'importance des travaux réalisés est d'autant plus remarquable que cette société n'est pas l'héritière d'une longue tradition scientifique, mais d'une académie, l'Académie delphinale qui, en 1789, est la dernière à obtenir des lettres patentes de la monarchie à la veille de la Révolution.Durant l'Empire, elle fonctionne comme un cabinet d'expert du préfet tout en renouant peu à peu avec la tradition académique, javant de reprendre (après une courte éclipse, le nom ancien d'Académie delphinale sous la Monarchie de juillet