“Religions politiques” : usage et limites d’un concept. Une réflexion à partir d’Eric Voegelin - Université Jean Moulin Lyon 3 Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Éthique, politique, religions Année : 2014

“Religions politiques” : usage et limites d’un concept. Une réflexion à partir d’Eric Voegelin

Résumé

What is the extension of the phrase "political religion"? Can it, out of his strict use, applied to the sanctification of the state operated in totalitarian regimes, be used to describe any type of interference between religion and politics? The emblematic work of Eric Voegelin, The Political Religions, published in 1938, reflects the difficulty of the problem: the term is used in a broad sense to refer to realities as diverse as Egypt’s religion of Akhenaton, the christian mystical body, the Hobbesian Leviathan and totalitarian regimes like fascism and nazism, which, for Voegelin, represent an extreme expression of experiments implemented in modernity. However, even in the book of 1938, Voegelin makes a difference between supramundane and intramondaines “political religions”. Thereafter, he will refuse to use a common term to characterize not only different, but antagonistic realities, and he will abandon the expression of "political religion". He will then make a clearer discinction between societies centered on worldly power and oriented towards achieving the ultimate purpose of man in history on the one hand and, on the other hand, the denominational societies – even authoritarian – which recognize an order of existence beyond all worldly power. The question is therefore not that of the collusion between religious and political – because the religious order structures, explicitly or implicitly, all human society – but the direction of the relationship between the two terms which gives orientation to order policy.
Quelle extension a le syntagme de « religion politique » ? Peut-il, hors de son usage strict, appliqué à la sacralisation de l’État opérée dans les régimes totalitaires, être employé pour désigner tout type d’interférence du religieux et du politique ? L’ouvrage emblématique d’Eric Voegelin, Les Religions Politiques, publié en 1938, témoigne de la difficulté du problème : le terme est employé en un sens assez large pour désigner des réalités aussi différentes que l’Égypte d’Akhénaton, le corps mystique chrétien, le Léviathan hobbesien et les régimes totalitaires, telles le fascisme et le nazisme, qui, pour Voegelin, représentent une expression extrême des expériences mise en œuvre dans la modernité. Cependant, dès l’ouvrage de 1938, Voegelin fait une différence entre les religions politiques supramondaines et intramondaines. Par la suite, il refusera d’employer un terme commun pour caractériser des réalités non seulement différentes, mais antagonistes, et abandonnera cette expression de « religion politique ». Il distinguera alors plus clairement les sociétés centrées sur un pouvoir mondain et orientées vers une réalisation des fins ultimes de l’homme dans l’histoire d’une part, et les sociétés confessionnelles – et même autoritaires – qui reconnaissent un ordre de l’existence situé au-delà de tout pouvoir mondain d’autre part. La question n’est donc pas celle de la collusion entre religieux et politique – car le religieux structure, explicitement ou implicitement, toute société humaine –, mais celle du sens de la relation qui unit les deux termes et qui fournit à l’ordre politique son orientation.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01744986 , version 1 (27-03-2018)

Identifiants

Citer

Thierry Gontier. “Religions politiques” : usage et limites d’un concept. Une réflexion à partir d’Eric Voegelin. Éthique, politique, religions, 2014, Les religions politiques, 2014–1 (4), pp.27-46. ⟨10.15122/isbn.978-2-8124-2939-2.p.0027⟩. ⟨hal-01744986⟩
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