La Nuit de Gethsémani, essai de Léon Chestov sur la philosophie de Pascal, met en rapport le passage des évangiles qui raconte la nuit d’angoisse vécue par Jésus au Mont des oliviers avec la phrase de Pascal : « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde. Il ne faut pas dormir pendant ce temps‑là ». Le sommeil, qui symbolise l’abandon du Dieu souffrant par l’homme, est pourtant nécessaire à la vie, tout comme la raison permet de se guider dans la vie. Le sommeil comme la raison relèvent de la nécessité, à laquelle l’homme doit obéir. Touchant au cœur même de ce qui sépare le judaïsme du christianisme – le scandale d’un Dieu souffrant –, Chestov montre que le christianisme occidental, lui non plus, n’a pas vraiment assimilé le message du Nouveau Testament. Car malgré la « folie » de la Croix, sa valeur suprême reste cette « raison » à laquelle tout doit être soumis.